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« Déléguer la coupe des arbres à un prestataire pour miser sur la sécurité »

Pour gagner du temps et éviter les accidents, de plus en plus d’agriculteurs préfèrent confier la coupe des arbres à une entreprise équipée d’une tête d’abattage. Une mécanisation synonyme de respect des arbres, de gestion durable et de qualité de production des plaquettes.

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Depuis sa création en 2012, la SCIC (société coopérative d’intérêt collectif) Maine-et-Loire Bois Énergie a fédéré plusieurs dizaines d’agriculteurs souhaitant valoriser les haies de leur exploitation. Denis Ménard, agriculteur à Denée, près d’Angers, en fait partie.

« Nous avons environ 12 kilomètres de haies sur l’exploitation avec une grande partie des terres en basses vallées, souvent inondées durant l’hiver, témoigne l’éleveur. Beaucoup de ces parcelles sont entourées de frênes. Cet arbre supporte bien l’humidité et, après un élagage, repousse en douze à quinze ans. Sur les coteaux, il faut compter vingt ans entre deux coupes. Ce bois a toujours été exploité sur la ferme et ces dernières années, nous en avons même réimplanté sur 3 kilomètres. »

Dans ce linéaire, la majorité des grands arbres est taillée en têtards. Un mode d’exploitation traditionnel où le tronc est maintenu en place tandis que les branches sont régulièrement coupées à une hauteur variant de 1,50 à 3 mètres du sol.

« Nous avons souvent pris des risques »

Depuis qu’ils travaillent avec la SCIC, Denis Ménard et son père, Jean-Pierre, ont choisi de mécaniser le chantier. Ils font appel à l’entreprise Moreau qui se déplace avec une pelle à chenilles. « Nous avons souvent pris des risques en coupant les branches à la tronçonneuse depuis le godet du tracteur, confie Denis. Notre prestataire utilisait auparavant une pince avec un sécateur hydraulique placé au bout du bras de la pelle. Il vient de la remplacer par un modèle équipé d’un guide tronçonneuse. Ce système coupe les branches avec davantage de précision, ce qui évite de les casser en laissant de grandes cicatrices sur le tronc. Avec ce genre de matériel, la sécurité est assurée et le débit de chantier, augmenté ! En deux jours, l’opérateur coupe le linéaire que nous mettions deux à trois semaines à élaguer auparavant. » Après l’intervention mécanique, les agriculteurs reprennent généralement la coupe à la tronçonneuse au plus près du tronc pour favoriser la repousse. Le déchiquetage intervient quelques semaines plus tard. Sur ce secteur, c’est souvent l’entreprise Valdéfis qui se déplace (lire encadré). Ce chantier de broyage se gère comme un ensilage avec trois ou quatre remorques qui font des allers et retours entre la parcelle et un silo bétonné à la ferme.

Sur l’exploitation de la famille Ménard, le bois est stocké à l’air libre pendant trois ou quatre mois avant d’être réexpédié par camion. L’éleveur remplit lui-même les bennes de 90 m3 en moins d’une demi-heure grâce au chargeur de l’exploitation.

Des clients très attachés à la qualité

Les plaquettes sont généralement livrées à des chaufferies de l’agglomération d’Angers. « Il s’agit de clients industriels, très attachés à la qualité de ce que nous fournissons, souligne Florent Villepellé, le responsable de la SCIC. Chaque camion est pesé et des échantillons sont prélevés pour mesurer le taux de matière sèche et estimer la qualité. Les résultats déterminent le montant payé au producteur. » Les chaufferies affichent un cahier des charges strict : pas de terre, pas de pierres ni autres corps étrangers pouvant notamment bloquer les vis d’alimentation des silos. La coopérative sensibilise donc les agriculteurs pour adapter leurs pratiques aux attentes des clients.

Pour répondre aux exigences de ces différents clients, la SCIC s’est dotée d’un cribleur pour calibrer les plaquettes. Elle approvisionne des paysagistes ou des collectivités qui utilisent cette matière pour pailler des massifs et souhaite désormais proposer un autre débouché : de la litière bois chez les éleveurs pour les logettes ou les aires paillées (lire article page 38).

La SCIC encourage également les exploitants à faire des plans de gestion pour mettre en place des conduites durables. Le document recense les volumes de bois disponibles et les plus beaux arbres sont identifiés pour que l’agriculteur puisse les valoriser comme bois d’œuvre. « Chaque année, nous commercialisons environ 350 m3 de plaquettes via la SCIC, pour un chiffre d’affaires d’environ 4000 €, ajoute Denis Ménard. Les frais de mécanisation sont couverts. Cette prestation a certes un coût, mais le travail est parfaitement réalisé  : le chauffeur sait comment élaguer les arbres proprement. Sans compter que pendant ce temps, nous sommes disponibles pour d’autres travaux sur l’exploitation. »

Denis Lehé

© SCIC MLBE - Bien gérer l’abattage est indispensable pour optimiser le rendement de la déchiqueteuse. SCIC MLBE

© D. L. - La mécanisation du chantier évite de prendre des risques parfois inconsidérés.D. L.

© D.L. - Cette haie plantée il y a une quinzaine d’années vient d’être taillée dans le but de reformer des arbres têtards tous les 4 à 5 mètres.D.L.

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